Népal, la première fois…

Publié il y a 3 ans
Par Craig Calonica
Nepal, the first time…
Décembre-Janvier 1981/1982
C'était une véritable aventure, nous étions seuls, aucun soutien de Sherpa dans la montée et aucune communication.
Si quelque chose allait mal le sauvetage était hors de question, car il n'y avait aucun moyen d'obtenir de l'aide.
Nous étions engagés à 100% et nous étions seuls, ce qui devrait être le cas lors d'une ascension en escalade.

Au cours de l'hiver 1981-1982, Ned Gillette, Jan Reynolds, Jim Bridwell, Steve McKinney et moi-même, Craig Calonica, sommes allés au Népal pour la première fois, gravir une nouvelle route sur Pumori, un sommet de 7 161 m (23 494 pieds) se trouvant en face de l'Everest. 

Après la montée, nous avions prévu une descente à ski d'Ama Dablam au camp de base de Makalu, qui consistait à traverser trois cols de 6096 mètres (20 000 pieds), pendant la saison d'escalade d'hiver. En cas de succès, ce serait la première fois que quelqu'un effectuait une première ascension via un nouveau parcours dans l'histoire de la saison d'escalade hivernale au Népal. 

Ce serait aussi la première fois que quelqu'un franchissait les cols en hivers. 

Le chef Lama interdit aux Sherpas de grimper pendant les mois d'hiver, sous peine de mettre les dieux en colère, il n'était donc pas autorisés à aller au camp de base, ce qui nous convenait bien car nous aimions grimper seul de toute façon. 

Nous n'avions aucune forme de communication moderne, pas plus que nous n'avions de téléphone portable. Notre seule forme de communication était d'avoir un de nos Sherpa du camp de base apporter une lettre ou un message à Lukla pour le mettre sur un vol adressé à notre agent à Katmandou, qui lui même répondait à nos questions ou envoyait la lettre par la poste à destination de nos familles ou amis aux Etats-Unis. 


C'était une véritable aventure, nous étions seuls, aucun soutien de Sherpa dans la montée et aucune communication. 

Si quelque chose allait mal le sauvetage était hors de question, car il n'y avait aucun moyen d'obtenir de l'aide. 

Nous étions engagés à 100% et nous étions seuls, ce qui devrait être le cas lors d'une ascension en escalade. 

Malheureusement ce n'est pas comme ça de nos jours, les gens sont presque transportés lors des ascensions, ils affichent des selfies en direct, appellent à la maison au sommet de l'Everest, et se font secourir en hélicoptère à 7800 mètres en quelques minutes après avoir eu des ennuis. Les temps ont changé et pas nécessairement pour le mieux. 

La montée sur Pumori était sauvage, elle consistait en des parois de glace escarpées. 

Pour ajouter à l'excitation, nous avons subi des avalanches massives qui tombaient tout autour de nous à tout instant. C'était comme être dans une zone de guerre.

Pour une raison inconnue, chaque fois que je traversais une certaine section, nous traversions pour atteindre nos cordes près du bas de l'ascension, des roches de la taille d'une boule de bowling tombaient d'une paroi rocheuse et glacée de 1828 mètres (6000 pieds) juste au-dessus de nos têtes, directement dans ma direction. 

Cela arrivait toujours quand je traversai une pente de glace de 55 degrés avec un mur de falaise de 152 mètres (500 pieds) en dessous de moi. Si le rocher ne me tuait pas, la chute elle le ferait!

Alors que je traversai cette section, je pouvais toujours entendre les rochers descendre le long du flanc. Ils volaient, se jetant de cette petite paroi rocheuse à 60 mètres (200 pieds) au dessus de moi et venaient voler vers moi comme des missiles à la vitesse d'une chute libre maximale. 


Je gardais un oeil sur les rochers, comme un faucon, et dès que je pouvais prédire leur trajectoire, je sautais hors de leur chemin pour les esquiver. En parlant de faire monter la fréquence cardiaque!

A un moment, ce jour là, 30 rochers se sont décrochés du mur tous en même temps dans ma direction, esquiver n'était pas une option… Alors je suis tombé au sol et je me suis caché derrière mon sac à dos, j'ai planté mon piolet dans la pente de glace et je me suis accroché en espérant ne pas être touché. Je ne pensais pas être bien protégé derrière mon sac à dos si j'avais été frappé par l'un des ces rochers. Ils étaient gros et dépassaient largement 200Km/h. Si l'un d'eux m'avait frappé, j'aurais été écrabouillé comme un insecte sur un pare-brise. 

Heureusement, aucune des pierres ne m'a frappé. Ce qui m'a surpris car il y en avait tellement que j'était sûr d'être touché. 

Ce qui était étrange à propos de cette situation, c'est que les rochers ne se décrochaient que lorsque je traversais cette section. Ils ne se détachaient jamais lorsque les autres la traversaient. C'était comme si l'Himalaya essayait de me dire quelque chose, il me donnait clairement un avertissement et me faisait savoir dans quoi je m'embarquai. 

Cela dit, cette année était ma 39ème année dans l'Himalaya, et après de nombreuses expéditions, y compris essayer de skier sur l'Everest depuis son sommet à trois reprises, ouvrir le Népal au ski et faire des centaine de premières descentes, je pense avoir bien tenu compte de l'avertissement. 

Après plusieurs jours de montée, nous avions enfin atteint le sommet. Environ une heure après notre retour au camp de base, nous parlions de la façon dont notre ascension avait été protégée des avalanches, ces avalanches géantes ne cessaient pas de tomber du sommet mais jamais sur notre route, mis à part mon calvaire avec les rochers. 

Si l'une de ces avalanches massives s'était abattue sur nous, quelques minutes seulement après son passage tout notre itinéraire aurait été effacé et nous y serions restés. Probablement personne ne nous aurait jamais retrouvé à ce jour.

Les avalanches dévalaient une face de 2400 mètres (8000 pieds) et continuaient à travers une vallée d'un demi-mille, en remontant jusqu'à un pic géant de l'autre côté de la vallé à 1524 mètres (5000 pieds). Elles laissaient un énorme nuage de neige blanc tourbillonnant de plus de 2700 mètres (9000 pieds) de haut qui restait suspendu dans l'air pendant un temps qui semblait éternel. 

Nous avions finalement réussi à effectué la première ascension hivernale via une nouvelle route au coeur de l'Himalaya népalais. 

Ensuite, dans le prochain épisode, la traversée des cols… 


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